Samstag, 21. Juli 2012
Maroc. La répression étouffe le printemps
19 juin par Salaheddine Lemaizi
Depuis le début de 2012, l’essoufflement du Mouvement du 20 février est l’occasion pour le régime d’étouffer un possible printemps démocratique marocain. Récit d’une année de plomb.
Le 15 juin 2012, dans le village de Chlihat proche de Larache (à 150 km de Rabat au nord), les « forces de l’ordre » répriment violemment la population de cette commune. 2000 membres des anti-émeute, des hélicoptères de la gendarmerie royale et des balles en caoutchouc ont été mobilisés pour mater une révolte sociale d’agriculteurs contre un investisseur espagnol |1|. L’ampleur de la mobilisation sécuritaire contre ce village de quelques milliers d’habitants portant des revendications strictement sociales résume à elle seule la tension qui règne au sein du pouvoir face à toute mobilisation populaire.
Le régime reprend sa matraque
En réformant la constitution et en permettant aux islamistes du Parti justice et développement de gagner largement les élections, le Makhzen (le régime et ses alliés politiques, économiques et médiatiques) a su négocier le virage du Printemps des peuples dans la région Machrek-Maghreb. Il demeure que pour le « Front de la résistance » représenté par le Mouvement du 20 février (M20F) l’essentiel du pouvoir reste entre les mains de la monarchie. Ce refus d’abdiquer devant ce pouvoir omnipotent agace. La réponse du régime ne s’est pas fait attendre. Profitant d’une baisse de régime considérable du M20F, la répression bat son plein. Avec Taza (centre) et Bni Bouayach (nord-est), l’Etat a retrouvé ses habitudes de l’avant février 2011. Depuis, c’est la série noire. Manifestations et sit-in réprimés, militant-e-s arrêté-e-s et procès fabriqués de toutes pièces. A l’exception du jugement du procès de Safi (16 condamnés et de lourdes amendes), qui a connu un retournement spectaculaire avec la réduction des peines et la libération de plusieurs des détenus, les autres jugements qui tombent chaque semaine sont sévères. Imbu de son pouvoir, le régime sévit, dans l’indifférence quasi générale de l’opinion publique. Pendant ce temps, des jeunes marocains - comme le rappeur casablancais Mouad Belgouat ou Mustapha Ouchtoubane, un des meneurs d’une lutte contre une compagnie minière qui pollue l’eau d’Imini, son village - écopent de plusieurs années de prison pour avoir osé s’opposer à « l’exception marocaine ». Le harcèlement des militants n’a pas épargné des chaudrons de la contestation populaire comme Sidi Ifni (Sud atlantique), où le Makhzen poursuit Brahim Bara et Hassa Agherbi, militants de la section d’ATTAC. Ce diagnostic peu reluisant de la situation des droits de l’homme est conforté par le rapport 2011 d’Amnesty International. L’ONG exige de « libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion ». L’arrivée du gouvernement islamiste coïncide avec cette violence sécuritaire qui s’ajoute à une violence économique, encore plus dure à supporter et qui touche les couches moyennes et défavorisées. Le libéralisme des barbus commence (déjà) à faire très mal, augmentant d’un cran la tension sociale au Maroc. Face à laquelle le régime n’a que la répression comme réponse. Mais jusqu’à quand ?
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