Donnerstag, 28. Mai 2015

26 mai 1967 : Mé 67 en Gwadloup !

Le 20 mars 1967, à Basse-Terre, en Guadeloupe, un riche marchand blanc lance son chien sur un artisan noir. Révolté par cet acte, le peuple de Basse-Terre laisse libre cour à la colère accumulée depuis longtemps. Durant trois jours, les 20, 21 et 22 mars 1967, Basse-Terre est en émeute. Deux mois plus tard, à Pointe à Pitre, le 26 mai 1967, 5000 ouvriers du bâtiment sont en grève pour une augmentation de salaire de 2%. Le délégué patronal aurait lancé aux grévistes : « Quand les nègres auront faim, ils reprendront leur travail ». Une manifestation s’organise. Face aux CRS rassemblés devant la chambre de commerce, les manifestants lancent des pierres et des bouteilles. La police tire immédiatement tuant Jacques Nestor, militant du Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (GONG). Des émeutes vont suivre pendant trois jours, faisant de nombreuses victimes du côté des manifestants. Plusieurs centaines de Guadeloupéens furent traqués, blessés ou tués par balles. L’armée Française tirait sur les ambulances et même dans la veillée mortuaire d’une des premières victimes. L’hôpital était débordé. Des exécutions sommaires ont été perpétrées aussi bien à la gendarmerie du Morne Miquel qu’à la Sous-préfecture de Pointe-à-Pitre où des dizaines de corps jonchaient le sol. L’État français a reconnu 87 morts, nous prenons bien entendu ce chiffre avec prudence. Le 30 mai 1967, les autorités et le patronat sont obligés de faire de grosses concessions face à la tournure que prennent les événements en raison de la mobilisation et de la pression populaire. Les ouvriers obtiennent une augmentation de 25% des salaires alors qu’ils ne demandaient que 2,5% initialement. C'est événements sont appelés "Mé 67". Le mouvement indépendantiste trouve son origine dans les années 60 au sein de la communauté estudiantine guadeloupéenne en métropole. L'AGEG (Association Générale des Etudiants Guadeloupéens), basée en métropole, rejette l'idée d'autonomie en vigueur jusque là et lance le mot d'ordre d'indépendance nationale. En Guadeloupe, les idées d'indépendance sont propagées par le GONG (Groupe d'Organisation Nationale de la Guadeloupe). Tout comme l'AGEG, le GONG rejette l'autonomie prônée par d'autres, les stratégies électoralistes, milite pour l'indépendance nationale et dénonce les liens colonialistes et de domination qui caractérisent les rapports entre la France et la Guadeloupe. Les militants et militantes du GONG étaient en première ligne dans les événements de Mé 67. Les autorités coloniales françaises ont réprimé l'organisation dans le but de faire taire toute volonté politique d'indépendance de l'île. 18 leaders indépendantistes du G.O.N.G sont arrêtés lors des événements, ils seront emprisonnés puis jugés à Paris à partir du 19 février 1968 pour atteinte à la sûreté de l’État et à l’intégrité du territoire. En Guadeloupe 70 autres guadeloupéens sont encore sous le coup de poursuites judiciaires. Certains prisonniers écoperont de plusieurs mois de prison ferme. Les événements de Mé 67 et la répression coloniale qui suivit fait partie de l'histoire du mouvement indépendantiste guadeloupéen et de la mémoire de ce peuple toujours soumis à la domination coloniale de l’État français.

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