Dans l'histoire de la Tunisie, les mois de décembre et de janvier sont des mois de lutte :
Le
premier syndicat - La Confédération Générale des Travailleurs
Tunisiens (CGTT) - est créé en janvier 1924. Le syndicat actuel -
L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) - lui est créé en janvier
1946.
Le 26 janvier 1978, l’armée et la police ont réprimé dans le sang la grève générale.
Le 28 décembre 1983, la « révolte du pain » ou « révolte contre le FMI » a commencé dans le sud ouest de Tunisie.
Le 3 janvier 1984, un massacre fut commis par l’armée et la police alors que le peuple manifestait pour le pain.
Le
17 décembre 2010, la dernière grande révolte a commencé à Sidi Bouzid.
Face aux révoltes, Ben Ali se réfugie en Arabie Saoudite le 14 janvier
2011.
Malgré
les révoltes de 2010-2011, le pays est toujours dirigé par un
gouvernement à la solde des impérialistes. La situation économique du
pays est catastrophique :
Les prêts accordés entre 2012 et 2013 doivent être remboursé en 2018, soit 3,6 milliards de dollars.
La dette du pays a atteint 69% du PIB, à la fin du troisième trimestre 2017, selon les données du gouvernement.
La
dernière réunion du FMI impose des conditions drastiques qu’il appelle
« réformes » : réduire le budget consacré au développement, à
l'investissement, augmenter les impôts indirects, les prix des
produits de base, réduire le nombre des fonctionnaires et salariés du
service public, augmenter le taux des cotisations salariales tout en
retardant l’âge de départ à la retraite, dévaluer la monnaie locale
(Dinar) qui a perdu 11% de sa valeur en un an etc.
Le taux de chômage officiel est de 15% des actifs, l’économie informelle représente près de 50% du PIB.
L'Union
Européenne renforce son emprise sur la Tunisie, lui imposant ses
produits (plus cher) et pillant toujours plus les richesses du pays.
C'est
dans ce contexte que le gouvernement a annoncé en décembre son budget
avec encore plus de coupes dans le secteur public et son lot de
privatisation (poussé par le FMI). Ces annonces ont provoquées la colère des syndicats et le début d'une grève dans plusieurs secteurs d'activités.
C’est aussi dans ce contexte que le rythme des protestations s’est accéléré contre la hausse des prix et des impôts.
Les manifestations ont débuté le 7 janvier 2018 à Kasserine, en
commémoration de la répression de la fin de la première semaine de
janvier 2011 (huit morts en une seule journée et une cinquantaine de
mort en deux semaines). La police a arrêté des dizaines de jeunes
distribuant des tracts appelant à manifester. Le 8 janvier 2018, les
agences de presse étrangères ont comptabilisé douze villes qui se
soulèvent. L’armée et la police interviennent violemment (gaz
lacrymogène, eau sous pression…) Un manifestant est mort à Tébourba (au sud ouest de Tunis) dans la nuit du 8 au 9 janvier.
Selon le ministère de l’intérieur 44 manifestants sont blessés et la
police a arrêté 350 personnes, selon des listes provenant des lieux de
manifestations…
Le
9 janvier, les manifestations gagnent de nouvelles villes et localités.
La propagande déclenche sa machine à mensonges et annonce des vols, des
infractions et des pillages…
Dans la nuit du 9 au 10 janvier, plus de 200 manifestants ont été arrêtés et des dizaines blessés lors de heurts avec la police dans plusieurs ville du pays.
Les
manifestations de janvier s’inscrivent dans la continuité du mouvement
social qui ne s’est pas arrêté depuis 2010. La coalition au pouvoir
table sur le manque d’organisation, de coordination entre les différents
mouvements (contre le chômage, pour une redistribution des ressources,
contre la marginalisation de certaines régions…) et sur l’incapacité des
pauvres à s’auto-organiser, sur l'absence d'organisations
révolutionnaires capables de coordonner les manifestations locales pour
devenir des noyaux d’un mouvement couvrant le territoire national avec
des mots d’ordre communs et d’objectifs communs.
Par
contre, de l'autre côté, le gouvernement tunisien peut compter sur le
soutien des pays impérialistes, des sociétés multinationales présentes
dans le pays, des médias, des dirigeants syndicaux corrompus... pour
faire taire cette révolte et faire en sorte qu'elle ne s'élargisse pas
dans tout le pays.
C'est
donc notre tâche, en tant qu'anti-impérialiste, de soutenir et de faire
vivre la solidarité avec le peuple tunisien en lutte contre son
gouvernement, contre la pauvreté et contre l'impérialisme.
Texte rédigé à partir d'articles parus sur Kana'an Online (contribution et traduction :Tahar Moez) et le Secours Rouge de Belgique.
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